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Entretien avec Sabryna Keller, article paru sur News Tank Football le 19.12.2022
C’est notre sixième Octobre Rose avec Femmes de Foot, édition pour laquelle nous avons récolté plus de 50 000 euros. Au moment où j’ai lancé l’association, la lutte contre le cancer du sein était notre cause fil rouge. J’avais très envie qu’un club de Ligue 1 porte cette cause qui touche presque exclusivement les femmes. Le sujet ne prête pas à débat, car tout le monde peut le comprendre, être malheureusement touché, directement ou indirectement. Ce qui est d’ailleurs hélas le cas puisque ce fléau touche de plus en plus de femmes, et de plus en plus jeunes.
Grâce à Femmes de Foot, le RCSA est le club de Ligue 1 le plus engagé sur ce sujet. Au-delà 250 000 euros de projets financés depuis cinq ans dans des projets destinés à lutter contre le cancer du sein, nous menons des actions tout au long de l’année. Nous avons notamment une présence hospitalière quasi quotidienne et nous travaillons en amont avec le professeur Mathelin, sénologue et chef de service de chirurgie des Hôpitaux Universitaires de Strasbourg (HUS), qui opère tout au long de l’année.
Je voulais que le Racing soit au plus près des médecins et des gens qui souffrent. Nous agissons ainsi avec elle sur des projets avec des start-up qui vont permettre de développer des produits pour aider les femmes malades. Nous avons par exemple financé la première unité de lymphœdèmes à l’ICANS (Institut de cancérologie Strasbourg Europe), où se trouve le service sénologie du professeur Mathelin. L’unité sur laquelle nous travaillons depuis cinq ans fonctionne désormais.
Nous avons également financé et aménagé dans l’établissement un centre de socio-esthétique pour soigner le rapport des femmes à leur apparence. Par ailleurs, toutes les prothèses mammaires initiales et transitoires des femmes opérées sont offertes par Femmes de Foot à l’ICANS. Nous nous intéressons également à l’après, au suivi psychologique des femmes qui ont été opérées, au sport santé, à comment elles se remettent après la maladie, et nous finançons plusieurs projets dans ce sens-là.
Oui, car le projet est incarné. Je suis tout le temps sur le terrain. Et le Racing représente quelque chose en Alsace. Le Racing est un club populaire, engagé et citoyen, très ancré dans sa région et j’ai souhaité apporter ma pierre à l’édifice en créant une association qui puisse lui permettre d’œuvrer concrètement sur le territoire et renforcer le lien avec son public. Aujourd’hui, Femmes de Foot pilote le volet social et sociétal de la politique RSE du club. Nous portons des valeurs communes d’exemplarité, de solidarité, de proximité, de partage et nous développons ensemble des opérations pour venir en aide aux personnes en difficulté auprès de toutes les catégories de population et de toutes les générations. Nous avons ainsi mené des actions auprès d’enfants en situation de handicap, des foyers d’adolescents, des EHPAD…
Oui, et c’est ce par quoi j’ai commencé, avant même l’existence de Femmes de Foot. Pour faire en sorte que le Racing soit la représentation d’une société, il faut que tout le monde soit concerné, y compris les femmes. Elles étaient, dans le passé, davantage traitées comme des accompagnatrices que comme des supportrices à part entière. J’ai voulu que nous travaillions sur ce statut de supportrice, entendre leurs demandes et attentes. Nous avons créé un événement pour les mettre en lumière et en attirer de nouvelles. L’idée était de faire un événement festif au mois d’avril, intitulé “J’peux pas, j’ai Racing.”
Nous étions partis du postulat suivant : les femmes sortent de plus en plus ensemble, entre amies, et pourquoi ne pas aller au stade ? Après le premier événement, on nous a demandé de le refaire l’année suivante. Une communauté s’est créée et s’est retrouvée au fil des années. Aujourd’hui, le Racing joue dans un stade toujours plein, avec beaucoup de femmes.
Nous avions jusqu’à cette année une tribune “Kop’In”, mais nous avons considéré que les femmes étaient désormais bien intégrées au stade. L’abonnement Kop’In existe toujours, et permet d’accéder à deux espaces privatifs de la Meinau, en jour de match, réservés aux femmes.
Toutes ces actions ont été très bien accueillies et nous avons d’ailleurs été récompensés par la LFP pour la meilleure « Expérience Stade » à destination des femmes. L’année suivante, nous avons reçu le prestigieux trophée Philippe-Séguin de la Fédération Française de Football.
Le Racing est un club ancré sur son territoire et Femmes de Foot est également très proche de la population. Nous faisons appel autant que faire se peut aux acteurs économiques et aux forces vives alsaciennes. C’est un véritable cercle vertueux, tout un écosystème mobilisé pour de belles actions caritatives financées en cohérence avec les valeurs que prônent l’Association et le club. Nous sommes présents dans la vie du quartier bien sûr, mais aussi dans celle de la ville et, plus largement, de toute la région.
Dès le début de la pandémie, nous nous sommes mobilisés pour venir en aide à celles et ceux qui combattaient le virus ou qui en subissaient les dures conséquences. Cela a été un moment particulièrement dur pour tout le monde. L’Association a reversé près de 400 000 € sur la période, sur un total d’environ 1 million d’euros depuis sa création en 2017. Des entreprises comme Vinci (construction), qui voulaient faire des dons mais ne savaient pas vers qui se tourner, se sont souvent orientées vers nous parce que je travaille sur différentes générations et différents domaines.
Nous avons été les premiers à proposer des masques en tissu. Nous en avons fait fabriquer 25 000 et les avons distribués, notamment dans les foyers d’enfance. Nous avons également distribué plus de 150 000 blouses dans les hôpitaux de la région, et avons fourni aux personnels soignants de nombreux produits locaux.
Par ailleurs, nous avons distribué chaque jour au SAMU et aux pompiers de Colmar des repas midi et soir et nous avons créé, avec un partenaire son du club, le camion musical qui se déplaçait pour aller chanter devant les EHPAD. Femmes de Foot a permis de maintenir du lien avec la population, mais aussi avec l’écosystème du Racing. Ce que nous faisons, nous le faisons bien et dans la durée.
Après Octobre Rose, nous avons enchaîné sur un certain nombre d’opérations, qui nous ont permis de récolter en deux mois plus de 60 000 €, destinés à financer plusieurs projets, tels que l’achat d’un chien d’assistance à un service hospitalier ou la mise en place de murs digitaux dans les hôpitaux et IME (instituts médico-éducatifs), qui permettent aux enfants ou aux personnes atteintes de handicap cognitif de travailler sur la connectivité et la concentration. Femmes de Foot a également remis un chèque à l’Association « Bouchons et Compagnie » pour financer des soins supports à l’hôpital de Mulhouse, au Lions Club pour l’achat de peluches, ainsi qu’à différentes associations alsaciennes. Nous avons également contribué à l’achat de produits d’hygiène et denrées alimentaires pour les étudiants et, à l’approche de Noël, distribué des cadeaux personnalisés dans la région.
Enfin, à l’occasion de l’Épiphanie, Femmes de Foot et le Racing vont rééditer l’opération « Galette des rois solidaire », qui met à l’honneur le savoir-faire des boulangers et pâtissiers alsaciens. Dès le début de l’année, 27 boulangeries et pâtisseries de la région proposeront ainsi dans leurs vitrines des galettes de rois contenant des fèves aux couleurs du Racing ou de Femmes de Foot. Ce sont au total 18 000 galettes « Racing » qui seront commercialisées. Cette opération permettra de financer l’acquisition de matériel au profit de l’Institut Universitaire de Réadaptation Clemenceau, établissement de référence en Alsace dans le domaine du handicap.
Notre objectif reste bien sûr de sensibiliser le public mais aussi et surtout de collecter des fonds pour financer des avancées majeures. Nous sommes très actifs sur le territoire, et c’est un travail très chronophage quand on s’investit bien. En cinq ans d’existence, l’Association Femmes de Foot a pu remettre plus d’un million d’euros sur le territoire alsacien. Mais je ne serais pas plus heureuse si j’avais permis d’en remettre dix fois plus. Mon ambition, c’est de créer des projets pérennes.
J’assume le fait que Femmes de Foot ne puisse pas tout faire. Pour ça, il me faudrait au moins trois personnes à temps plein à mes côtés… Mais je préfère bien mener mes projets engagés plutôt que de partir dans toutes les directions.
J’aurais pu étendre la marque au niveau national, car je suis sollicitée hors d’Alsace. Au début c’était une source de frustration mais aujourd’hui, j’assume pleinement de me cantonner à mon territoire. Ce que je fais ici, en Alsace, est plus important. C’est du concret, un véritable engagement.
Notre réussite est une œuvre collective et c’est une grande fierté. Je travaille en collaboration avec le Racing et avec mes Partenaires. Ils me font pleinement confiance dans le choix des projets.